Incontinence urinaire de l'homme

Les chiffres ne laissent aucun doute : même si les hommes sont généralement moins touchés que les femmes, ils peuvent également souffrir de fuites urinaires. S’ils y sont moins sujets par nature, c’est grâce à des questions anatomiques et notamment grâce à la présence d’un urètre plus long mais également grâce à un sphincter plus puissant.
Chez l’homme, les fuites urinaires sont associées à de multiples symptômes liés à l’écoulement des urines. Ainsi, un homme sujet aux fuites urinaires remarquera la persistance d’un jet beaucoup plus faible accompagné de difficultés à uriner (efforts de poussée inhabituels).

L'incontinence urinaire, messieurs, constitue un défi médical souvent méconnu chez les hommes. Elle se manifeste par la perte involontaire d'urine, mais contrairement à la situation chez les femmes, l'incontinence urinaire masculine est le plus souvent iatrogène, c'est-à-dire qu'elle résulte d'un traitement médical ou chirurgical. Cette problématique est caractérisée par deux types principaux : l'incontinence urinaire aux efforts et l'incontinence urinaire par impériosité.

L'incontinence urinaire aux efforts nécessite souvent le port de protections ou le changement fréquent de sous-vêtements. Selon le nombre de protections utilisées par jour, elle peut être classée en trois catégories : faible (0 ou 1 protection), modérée (2 à 3 protections) ou sévère (4 protections ou plus).

Les pertes d'urine liées à l'incontinence aux efforts surviennent lors d'actions telles que la toux, les éternuements, le port de charges lourdes, ou les changements de position. Elle est fréquemment observée chez les hommes dans les semaines qui suivent une prostatectomie, une intervention chirurgicale courante pour traiter le cancer de la prostate. Plusieurs facteurs peuvent être à l'origine de cette incontinence, tels qu'une altération du muscle sphincter due à l'acte chirurgical, une fragilisation temporaire pendant la mise en place des sutures internes, ou encore une réduction de la longueur fonctionnelle de l'urètre. Les symptômes apparaissent généralement dans les trois mois suivant l'intervention, mais ils régressent dans la plupart des cas. La période de récupération varie, mais en moyenne, elle s'étend sur trois mois, pouvant parfois dépasser une année.

L'incontinence urinaire par impériosité, quant à elle, se caractérise par des fuites urinaires consécutives à un besoin impérieux d'uriner. Ce besoin survient en raison de contractions non contrôlées du muscle de la vessie, provoquant des pertes urinaires.

Il est capital de distinguer ces deux types d'incontinence, car les approches médicales et chirurgicales pour les traiter sont radicalement différentes. Le plus souvent, l'un des deux types prédomine, et la priorité est donnée à son traitement. Cette prise en charge individualisée est essentielle pour améliorer la qualité de vie des patients confrontés à l'incontinence urinaire, que ce soit aux efforts ou par impériosité.

Quels sont les causes de l'incontinence ?

Passé les cinquante ans, les hommes peuvent souffrir de l’augmentation du volume de la prostate. Cette dernière vient compresser l’urètre et pose alors des problèmes d’écoulements. Cependant, ce type de troubles urinaires peuvent également être dus à un rétrécissement de l’urètre. Bien que la cause soit moins fréquente, une tumeur de l’urètre peut également être à l’origine d'un problème de fuite urinaire.

Dans certains cas, on peut également parler d’hyperactivité vésicale. Un sujet atteint souffre de fréquentes envies d’uriner sans pouvoir en aucun cas se retenir. Les fuites sont dues à des contractions involontaires et incontrôlées.

Tout comme chez les femmes, ces troubles urinaires peuvent être dus à une cystite ou, dans les cas plus graves, à une tumeur de la vessie. Enfin, les troubles urinaires peuvent également être provoqués par l’effort. Dans la plupart des cas, c’est une opération chirurgicale de la prostate qui en est à l’origine.
Il s’agit finalement d’une complication post-opératoire parmi tant d’autres.

Durée incontinence urinaire après prostatectomie

Après une prostatectomie radicale, les hommes peuvent faire face à l'incontinence urinaire, principalement de type d'effort. Cette incontinence est fréquente dans les jours qui suivent l'opération, mais elle s'améliore généralement avec le temps. Plusieurs facteurs influencent le degré d'incontinence, notamment l'âge du patient, son état de continence avant l'opération, et la capacité du chirurgien à préserver l'anatomie du sphincter urinaire.

La plupart du temps, l'incontinence urinaire est temporaire et s'améliore spontanément au cours de la première année post-opératoire. Des séances de rééducation pelvi-périnéale peuvent être recommandées, et si elles ne suffisent pas, des options chirurgicales telles que les bandelettes rétro-urétrales ou un sphincter urinaire artificiel sont envisageables. Ces interventions peuvent même être pratiquées des années après la chirurgie.

La récupération de la continence urinaire est un processus individuel nécessitant une approche personnalisée avec un suivi médical attentif. La patience et la persévérance sont souvent nécessaires pour atteindre une continence urinaire satisfaisante.

Traitements

Les traitements de l'incontinence urinaire, que ce soit par des médicaments ou des interventions chirurgicales, présentent des options variées et adaptées à chaque situation.

Traitements médicaux

Pour traiter l'incontinence urinaire par impériosité, les médicaments anticholinergiques s'avèrent efficaces. Ils agissent en réduisant les contractions de la vessie. Parmi les molécules couramment utilisées, citons l'oxybutynine (Ditropan®), le solifénacine (Vesicare®), et le flavoxate (Urispass®). Ces médicaments offrent une solution pour atténuer les symptômes chez les hommes concernés par cette forme d'incontinence.

En revanche, pour l'incontinence urinaire aux efforts, une rééducation pelvi-périnéale et sphinctérienne se révèle particulièrement utile. Ce type de rééducation est effectué par un kinésithérapeute dans un cabinet de ville, sur recommandation de votre médecin ou chirurgien. Cette approche vise à renforcer le muscle sphincter, crucial dans la prévention des fuites urinaires postopératoires. Elle peut également aider à rétablir la coordination entre les organes impliqués dans la miction, minimisant ainsi le risque de fuites.

Traitements chirurgicaux

Lorsque l'incontinence urinaire aux efforts persiste malgré ces approches médicales et rééducatives, il peut être nécessaire d'envisager des traitements chirurgicaux. Cependant, il est important de noter que ces interventions sont généralement réservées aux cas d'incontinence urinaire aux efforts, la forme la plus courante chez les hommes, en particulier après une prostatectomie pour un cancer de la prostate.

Bandelettes rétro urétrales

Les bandelettes rétro-urétrales impliquent la mise en place d'une bandelette synthétique en arrière de l'urètre, par voie périnéale. Cette intervention, d'une durée moyenne de 30 minutes, peut être réalisée en chirurgie ambulatoire. Elle est conçue pour soutenir l'urètre et est principalement destinée aux patients présentant une incontinence urinaire faible à modérée. Dans environ 70% des cas, elle conduit à une guérison complète de l'incontinence, bien qu'il puisse y avoir des cas d'amélioration partielle ou nulle. Il est essentiel de noter qu'après cette intervention, il est recommandé d'éviter de porter des charges lourdes (plus de 5 kg) et de s'accroupir pendant environ un mois.

En cas d'incontinence urinaire sévère, dépassant 4 protections par jour, la pose d'un sphincter urinaire artificiel peut être envisagée. Ce dispositif est un mécanisme hydraulique prothétique qui assure une occlusion complète de l'urètre, permettant ainsi une continence au repos. Sa pose, réalisée en chirurgie ambulatoire ou en hospitalisation classique, nécessite des incisions à la base de la verge et sur l'abdomen. Le sphincter est composé de trois éléments interconnectés : la manchette, située autour de l'urètre, la pompe d'activation, implantée au niveau du scrotum, et le ballon réservoir, logé dans l'abdomen. Pour uriner, le patient doit activer la pompe, déclenchant l'ouverture du sphincter. Ce dispositif requiert une certaine coordination et habileté de la part du patient pour son utilisation quotidienne, mais il offre généralement d'excellents résultats. En cas de dysfonctionnement, une révision chirurgicale peut être nécessaire.